Édition du vendredi 3 décembre 2010
Coût pour l'Etat de la réforme de la TP: la commission des finances de l'Assemblée nationale pourrait demander une évaluation à la Cour des comptes
Mercredi 1er décembre, lors de lexamen du quatrième projet de loi de finances rectificatives pour 2010, Gilles Carrez, rapporteur général du budget à lAssemblée nationale, a estimé que le surcoût total dû à la suppression par le Conseil constitutionnel du régime qui sappliquait aux entreprises relevant des bénéfices non commerciaux (BNC) et employant moins de cinq salariés et à la suppression de la taxe carbone sétablit environ à 3 milliards deuros avant impôt sur les sociétés (IS). Mais, «pour disposer dun calcul plus précis», peut-être demanderons-nous une évaluation à la Cour des comptes», a-t-il précisé après avoir rappelé que «lan dernier, Mme Lagarde a évalué ce coût à 5,8 milliards deuros, sur lesquels devait simputer 1,9 milliard de taxe carbone».
Concernant la suppression du régime des BNC, il considère que ces entreprises «ne sont donc astreintes cette année quà la part foncière, ce qui se traduit pour lÉtat par une perte fiscale de 780 millions». Il ajoute que cette perte «qui se concentre sur léchelon communal, sera remplacée par de la dotation budgétaire, puisquil na pas été possible de reconstituer des recettes». Au final, pour calculer le surcoût de la mesure, il faut donc, selon les calculs du rapport général, «ajouter 1,9 milliard et 780 millions, soit un total de plus de 2,6 milliards deuros, auxquels sajoute un dérapage de lordre de 400 à 500 millions. Autant dire que le surcoût total sétablit environ à 3 milliards deuros avant IS».
Pour sa part, Philippe Marini, rapporteur du budget au Sénat, a exposé dans son rapport sur le projet de loi de finances pour 2011, les modalités de compensation par l'Etat aux collectivités locales de la réforme de la TP quil qualifie de «complexes». Selon le rapporteur, «en pratique, la compensation est opérée en deux temps:
«- dans un premier temps, l'Etat compense à chaque catégorie de collectivités territoriales les pertes de recettes nettes résultant pour elle de la suppression de la taxe professionnelle [par le versement des dotations de compensation de la réforme de la taxe professionnelle - les DCRTP];
« - dans un second temps, des Fonds nationaux de garantie individuelle des ressources [les FNGIR] interviennent pour écrêter les gains des collectivités territoriales disposant, à l'issue de la réforme, de davantage de produit fiscal qu'actuellement, afin de compenser les pertes des collectivités territoriales qui se trouvent dans la situation inverse.»
Il précise aussi que «l'effet de la DCRTP n'est donc pas de rendre strictement égales les ressources après la réforme avec les ressources avant la réforme pour chaque catégorie de collectivités territoriales:
«- d'une part, la DCRTP ne prend en compte que les recettes modifiées par la réforme de la taxe professionnelle. Les ressources locales, y compris les ressources fiscales, qui ne sont pas affectées par la réforme, ne sont pas prises en compte dans son calcul et continuent d'évoluer entre 2010 et 2011 sans subir l'impact de la réforme;
«- d'autre part, la DCRTP est calculée pour égaliser les ressources avant réforme et après réforme pour l'année 2010. L'évolution du produit des impositions entre les années 2010 et 2011, notamment la progression des nouvelles recettes que sont la CVAE et la CFE, bénéficieront donc intégralement aux collectivités territoriales;
«- enfin, la DCRTP ne permet de compenser que la perte de chaque catégorie de collectivités territoriales. Après son versement, des inégalités subsistent, au sein de chaque catégorie, entre collectivités "gagnantes" et collectivités "perdantes". C'est alors le Fonds national de garantie individuelle des ressources permet, en prélevant les gains des premières pour les redistribuer aux secondes, de compenser chaque collectivité territoriale au sein de sa catégorie.»
Pour lensemble des collectivités, selon le rapport de Philippe Marini, le montant de la DCRTP devrait sélever en 2011 à 2.531 millions d'euros pour lensemble des niveaux de collectivités, dont 1.145 millions d'euros pour les communes et leurs groupements (hors ville de Paris).
- Pour accéder au dossier législatif sur le PLF 2011, utiliser le premier lien ci-dessous.
- Pour accéder au dossier législatif sur le PLFR 2010, utiliser le second lien ci-dessous.
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